27 Août 2024 La santé des enfants, un enjeu majeur pour leur développement
La santé des enfants, enjeu clé du développement :
« Un esprit sain dans un corps sain » – cette expression bien connue résume l’importance cruciale d’une bonne santé physique et psychique, dès les premières années de vie. Les conditions dans lesquelles un enfant grandit jouent un rôle déterminant dans son développement futur, particulièrement durant ses 1 000 premiers jours où sa mauvaise santé peut avoir des répercussions profondes sur sa vie d’adulte.
Les inégalités de santé apparaissent dès la grossesse. En France, les mères non diplômées ou à faibles revenus présentent deux fois plus de risques de donner naissance à un enfant de petit poids (9% contre 4,5% pour les mères diplômées). Cette situation est souvent liée à des facteurs comme le tabagisme, la consommation d’alcool et le stress pendant la grossesse, et le faible poids à la naissance est associé à des risques accrus de mauvaise santé à long terme.
De plus, dès leur plus jeune âge, les enfants issus de milieux défavorisés sont exposés à des conditions de vie difficiles : alimentation de mauvaise qualité, logements insalubres et accès limité aux soins. Ces privations les rendent plus vulnérables aux maladies chroniques telles que l’obésité, l’asthme, le diabète ou les problèmes cardiovasculaires. Par ailleurs, le stress subi dans ce genre de situation surtout s’il survient avant l’âge de 2 ans, peut gravement compromettre le développement de compétences psychosociales essentielles, comme la gestion des émotions et les capacités relationnelles, créant des obstacles qui perdureront tout au long de leur vie. Pour ces raisons, il est crucial de s’attaquer aux inégalités sociales de santé dès le plus jeune âge, afin de garantir à chaque enfant un avenir sain et équilibré.
Aujourd’hui, les enfants de milieux défavorisés font face à de nombreuses privations :
Aujourd’hui, près de 300 000 jeunes enfants de 0 à 3 ans en France vivent dans une grande précarité, dépendant de l’aide alimentaire pour combler leurs besoins essentiels. Parmi eux, 120 000 n’ont pas accès à une alimentation et une hygiène adéquates. A titre d’exemple, les familles défavorisées consacrent 87% de leur budget à des dépenses contraintes et nécessaires : logement, eau, énergie, alimentation, etc, ne laissant que 80€ par mois pour d’autres besoins comme les loisirs ou l’équipement. Ainsi, il est difficile de réserver une partie du budget pour le bien-être de l’enfant.
De plus, la crise sanitaire du Covid-19 a considérablement aggravé la situation des familles les plus précaires en France. En 2021, une enquête menée par Break Poverty révélait que plus de 2 millions de personnes dépendaient de l’aide alimentaire, dont 17% avaient à leur charge un enfant de moins de 3 ans. Les privations ont été exacerbées par une hausse des prix : entre 2022 et 2023 le paquet de couches a en moyenne augmenté de 10,2% (plus 1,25€, un paquet valait alors 13,65€)[1] et le lait infantile de 17,3%, mettant en péril la santé et le bien-être des enfants issus de milieux défavorisés. Face à cette inflation, les parents sont contraints de faire des choix difficiles : plus d’un parent défavorisé sur trois déclare devoir réduire la quantité de petits pots pour leurs enfants. La situation est encore plus critique pour les produits d’hygiène, avec 51% des bénéficiaires de l’aide alimentaire incapables d’acheter suffisamment de couches pour leurs tout-petits.
Ainsi, il est essentiel de s’efforcer à réduire ces inégalités :
Pour répondre aux contraintes financières accrues et au niveau alarmant de privation des ménages pendant la crise du Covid-19, Break Poverty a activement participé à l’initiative gouvernementale « Urgence Premier Pas ». Cette opération a mis en lumière l’ampleur de la précarité infantile en France, incitant le gouvernement à adopter une approche plus pérenne.
C’est ainsi qu’a été lancé le « Pacte pour les Premiers Pas » en octobre 2023 par le Ministère des Solidarités et des Familles pour renouveler son aide aux tout-petits les plus défavorisés avec 7 associations : Break Poverty Foundation, l’Agence du Don en Nature, Dons Solidaires, les Restos du Cœur, le Secours Populaire, la Croix Rouge, et les Banques Alimentaires et le réseau ANDES. Grâce à une subvention de plus de 6 millions d’euros, l’objectif de l’opération est d’atteindre 100 000 bébés en les soutenant sur le double volet de l’alimentation et de l’hygiène. Son évaluation d’impact aura pour ambition de construire une réponse commune, pertinente et pérenne sur le long terme.
Sur la partie hygiène, Break Poverty Foundation, l’Agence du Don en Nature et Dons Solidaires se sont engagés avec la moitié du budget à collecter et redistribuer 13,5 millions de couches, 11,2 millions de lingettes, et 200 000 produits de soin à travers le pays. En parallèle, 3 millions d’euros seront alloués à l’achat de produits alimentaires, tels que du lait en poudre et des petits pots, assurant une aide complète pour les tout-petits dans les situations les plus précaires. L’opération a vocation à s’étendre sur la fin de l’année 2023 et la majorité de l’année 2024.
Notre évaluation d’impact sera disponible d’ici la fin de l’année avec les témoignages de plus d’une centaine d’associations de distribution. N’hésitez pas également à consulter nos articles sur le sujet de la petite enfance.
Sources :
- Break Poverty Foundation, « Les inégalités dès le plus jeune âge », 2024
- L’IFOP et Dons Solidaires, La précarité hygiénique, Volets Grand Public et Bénéficiaires d’associations », 2021
- L’IFOP et Dons Solidaires, Baromètre hygiène et précarité, 2023
- France Info, « On développe des stratégies pour pouvoir survivre » : au rayon bébé, l’inflation pèse fortement sur le budget des jeunes parents », 2023
- France Info, « Inflation : rayon par rayon, où les prix ont-ils le plus augmenté depuis un an ? », 2023
[1] En 2021, on estime une moyenne de 87€ le budget mensuel consacré aux couches (Enquête IFOP et Dons Solidaires)
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