Décrochage scolaire : un bilan dramatique au sortir de la crise sanitaire

Depuis plus d’un an et demi, la pandémie a transformé notre quotidien et particulièrement celui de nos jeunes. Confinements prolongés et successifs, fermeture partielle ou complète des classes, cours à distance, report ou modification des examens ont impacté la scolarité de millions de jeunes. Alors qu’en est-il du phénomène de décrochage scolaire dans le monde ?

La crise sanitaire a profondément modifié nos méthodes d’apprentissage…

Pendant la crise, l’adaptabilité a été le maître mot, il n’en reste pas moins que ces bouleversements successifs ont largement entamé l’accès à l’éducation. Pour la première fois, les portes de nombreuses écoles à travers le monde ont été fermées, et ce pour une durée indéterminée, laissant des millions d’enfants et de jeunes, de professeurs et de familles, démunis.

D’après l’UNICEF, au mois de mars 2021, environ 214 millions d’enfants avaient manqué plus des trois quarts de leur scolarité en présentiel, ce qui représente un enfant scolarisé sur sept et près de 168 millions d’enfants dans le monde n’ont pas passé les portes de leur établissement scolaire pendant un an. Une fermeture, même temporaire, des établissements scolaires est préjudiciable pour le développement et l’avenir des enfants et l’est davantage pour les enfants en situation de pauvreté, de difficulté scolaire ou de handicap. Selon une étude menée par l’UNESCO, on estime qu’environ 100 millions d’élèves supplémentaires ne pourront maîtriser la lecture à cause de la crise sanitaire, réduisant les efforts menés jusqu’à présent.

… et renforcé des inégalités déjà criantes

Les inégalités dans le domaine de l’éducation étaient déjà présentes, mais cette pandémie a creusé le fossé entre les personnes les plus vulnérables et le reste de la population.

Face à la crise sanitaire, le système éducatif n’a pas eu d’autres choix que de développer l’école à distance. Seulement voilà, poursuivre sa scolarité à distance nécessite certaines conditions matérielles, d’espace mais aussi de soutien que tous n’ont pas au sein de leur foyer. Ainsi, au moins 463 millions d’élèves n’ont pas pu accéder à l’éducation à distance à travers le monde. Un chiffre alarmant lorsque l’on connaît le poids de l’éducation dans la lutte contre le déterminisme social et sur le niveau de vie des personnes à l’âge adulte.

Les pays les plus pauvres sont en grande difficulté car malgré des besoins plus importants, « 65 % des gouvernements des pays à faible revenu ont réduit le financement de l’éducation, contre 35 % dans les pays à revenu élevé », depuis le début de la crise. D’après le rapport de la Banque Mondiale et de l’UNESCO, les « pertes d’apprentissage » devraient être les plus importantes en Amérique latine et aux Caraïbes, mais aussi en Asie centrale et du Sud.

Des inégalités qui ne s’observent pas uniquement à l’étranger. En France, la crise sanitaire n’a fait que révéler l’ampleur de la fracture numérique et l’importance des outils numériques dans la scolarité et l’avenir professionnel des jeunes en 2021. Pendant le premier confinement, 6 à 10 % des élèves soit 970 000 d’entre eux n’ont eu aucun contact avec leurs enseignants et ont été perdus de vu par l’Education Nationale. Lorsqu’on sait à quel point il est difficile pour un élève de s’adapter à l’école à distance et de ne pas décrocher lorsqu’on est seul face à un écran, on imagine alors à quel point le fait de ne pas avoir cet équipement informatique condamne à l’exclusion les élèves les plus défavorisés.

Pour les jeunes issus de milieu défavorisé, les risques de décrochage scolaire sont plus grands encore car les ressources nécessaires ne sont pas disponibles. Ils manquent souvent d’un espace personnel pour travailler, d’un ordinateur personnel et d’une bonne connexion internet pour suivre les cours et participer aux quelques interactions sans coupures intempestives. Le résultat à court terme : perte de motivation et d’implication qui provoque le décrochage scolaire (estimation de 24M de décrochage scolaire au niveau mondial). A long-terme, ce sont des notions moins maitrisées, des difficultés à l’insertion professionnelle, la perte de perspectives d’avenir.

L’engagement de Break Poverty dans la lutte contre le décrochage scolaire

Break Poverty, conscient des dangers causés par la crise sanitaire dans la scolarité des enfants mais surtout de la fracture numérique, présente bien avant la crise et qui pénalise les enfants défavorisés, a développé le programme Réussite Connectée.

L’objectif est de fournir un ordinateur, une connexion internet et une année de mentorat ou un accompagnement à l’usage du numérique à des jeunes défavorisés en situation de décrochage scolaire pour les aider dans leur scolarité et leurs projets d’avenir. Pour eux, Réussite Connectée c’est le moyen d’être autonome, de gagner en efficacité, un outil pour chercher un emploi, pour faire leurs devoirs, c’est un accompagnement, une main tendue.

Aujourd’hui, les outils numériques ont une place essentielle dans le système éducatif français qu’il s’agisse de réaliser des recherches, faire ses devoirs, créer un lien avec ses professeurs et camarades, consulter ses notes… Ils permettent d’acquérir des connaissances et compétences importantes lors de la recherche d’expériences professionnelles (créer un CV, postuler en ligne, se renseigner sur les aides) ou dans un premier emploi. Au-delà de l’apport matériel, bénéficier des mêmes outils que ses camarades permet de gagner en confiance en soi et de croire en ses chances.